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Intérêt et statut des forêts anciennes

Les régions tempérées du globe comptent parmi celles qui ont été les plus uniformément et extensivement modifiées par les activités humaines. Le développement de ces régions a connu une histoire très longue qui a souvent conduit à une modification importante de leur biodiversité. Les écosystèmes forestiers, qui couvrent environ 1000 millions ha. en Europe où ils représentent 47% de la superficie du continent (MCPFE 2003), n'ont pas échappé à ces impacts. En raison de la fragmentation, de l'exploitation et de la plantation d'essences exotiques, seulement 1% de ces forêts peuvent cependant être qualifiées de forêts anciennes (Norton 1996). Les 2/3 des forêts européennes sont de type semi naturel et 3% d'entre elles sont des plantations, une proportion qui atteint jusqu'à 25% dans des pays comme le Danemark, la Belgique, les Pays-Bas et la Bulgarie (MCPFE 2003).

Bien que la protection des milieux soit l'un des piliers de la conservation de la nature dans les législations européennes, la proportion de forêt où la priorité est mise sur la conservation de la biodiversité et le maintien des processus naturels ne représente que 11,7%. De ceux-ci, seulement 3,2% ne sont soumis à aucune intervention alors que 79% sont toujours activement exploités (MCPFE 2003). Ces différences dans les intensités d'utilisation de la forêt ne se traduisent pas uniquement en termes de structure et de composition des peuplements forestiers, mais ont également un impact important sur la biodiversité des biocénoses. Par exemple, on estime que 1/4 des espèces forestières de plantes vasculaires sont menacées en Belgique, en Estonie et en Suède (MCPFE 2003). De nombreuses espèces se cantonnent en effet dans les derniers massifs de forêts anciennes (Fuller & Peterken 1995; Graae 2000; Sillett et al. 2000 a,b, Buckley et al. 2002; Thompson et al. 2003) et, alternativement, dans les classes les plus âgées de forêts exploitées (Frisvoll & Presto 1997).

Dans ce contexte, la conservation de la biodiversité dans les écosystèmes forestiers constitue une priorité dans les années à venir. Afin de respecter les engagements conclus à l'échelle européenne, et plus particulièrement les directives européennes 79/409 et 92/43, les régions doivent instaurer rapidement un plan d'action pour la conservation de la biodiversité en secteur forestier. En Wallonie notamment, la sectorialisation de la forêt a été présentée comme un outil fonctionnel intégrant les différentes fonctions de production, de récréation et de conservation de la forêt.

A l'instar de mesures prises dans d'autres pays d'Europe occidentale comme l'Irlande, l'Allemagne et la Suède, des propositions visant à diviser la forêt wallonne en trois types de secteurs soumis à des degrés d'exploitation progressifs ont été avancées (Branquart et al., manuscrit non publié) :

les secteurs de conservation, entièrement dédiés à la conservation et à la gestion visant à protéger et surtout restaurer la biodiversité, par l'abandon total de l'exploitation sylvicole et/ou par la mise en œuvre de mesures de gestion conservatoire appropriées telles que, par exemple, l'écimage et le pâturage ;

les secteurs tampons, dédiés à la fois à la conservation de la nature et à la production de bois, voire à d'autres activités comme la chasse, dans lesquelles les techniques d'exploitation seront modifiées de manière à respecter des contraintes relatives à la protection de la biodiversité ;

les secteurs de production, dédiés à la production soutenable de bois et impliquant des mesures minimales de mesures de conservation du milieu, y compris la biodiversité.

Les paramètres définissant la valeur de conservation des écosystèmes forestiers qui permettent de proposer une telle typologie des secteurs de conservation sont nombreux et complexes. Ils comprennent notamment la composition ligneuse, la structure et le mode de régénération des peuplements, la quantité de bois mort et d'arbres sénescents, ainsi que la diversité et l'effectif des biocénoses (Walter 1991).

Voir aussi :

Pourquoi utiliser des cryptogames épiphytes comme indicateurs écologiques des forêts anciennes ?

Importance des acteurs de terrain dans l'identification des secteurs de haute valeur biologique en forêt wallonne et appel à collaboration

 



 


 

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