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Pourquoi utiliser des cryptogames épiphytes comme indicateurs écologiques des forêts anciennes ?

Ces paramètres font appel à une multitude de compétences dans des disciplines très diverses. En pratique, Il n'y a que très rarement des naturalistes qui disposent des ressources et des compétences nécessaires pour mesurer l'ensemble de ces paramètres. Dans ce contexte, de la même manière que les plantes vasculaires sont très souvent utilisées comme indicateurs de la biodiversité totale à des fins d'évaluation et de conservation des milieux naturels (Pharo et al. 1999, 2000), des indicateurs doivent être utilisés pour caractériser au mieux la valeur patrimoniale des milieux forestiers.

A cet égard, les peuplements bryo-lichéniques sont particulièrement appropriés (Rambo & Muir 1998, Trass et al. 1999, Vellak & Paal 1999) et témoignent de la quantité et de la qualité des écosystèmes forestiers à différentes échelles emboîtées. A l'échelle du paysage, la diversité des bryophytes augmente avec le recouvrement forestier (Vanderpoorten & Engels 2003), et il existe différentes séries d'espèces avec des degrés d'exigence de couverture forestière et de qualité des peuplements (Vanderpoorten & Engels 2002, Vanderpoorten et al. 2003).

Au sein des écosystèmes forestiers, la diversité et la composition des peuplements cryptogamiques sont fortement influencées par la composition et la structure forestière et l'âge des peuplements. La structure des peuplements détermine en effet le mésoclimat forestier, et de nombreuses espèces de bryophytes aérohygrophiles qui, à l'inverse des plantes vasculaires, ne possèdent pas de systèmes conducteurs d'eau et ne peuvent pas réduire leurs pertes en eau en raison de leur morphologie très simple, sont totalement inadaptées à la moindre période de sécheresse. En Belgique, c'est le cas pour de nombreuses hépatiques à feuilles minuscules recluse aux futaies les plus âgées, comme par exemple l'hépatique Lejeunea ulicina (Schumacker 1985). En outre, de nombreuses espèces rares de bryophytes et de lichens sont limitées par une aptitude et une vitesse de dispersion réduite, de telle sorte que la moindre perturbation de leur environnement, comme une coupe forestière, entraîne rapidement leur disparition en raison de leur faible capacité à coloniser de nouveaux arbres hôtes (Holien 1998, Boudreault et al. 2000, Sillett et al. 2000 a, b, Cobb et al. 2001, Berg et al. 2002, Printzen et al. 2002). De par cette très faible résilience, ces espèces à dynamique très lente sont de fidèles indicateurs des peuplements forestiers les plus anciens. D'autre part, de nombreuses espèces d'épiphytes sont spécifiques du type d'écorce (relief, chimie des exsudats…) de l'arbre hôte. Certains hôtes à écorce très riche, comme par exemple le peuplier tremble en région boréale (Ojala et al. 2000) ou le sureau noir en Belgique, qui sont essentiellement des essences pionnières, supportent une flore épiphyte particulièrement importante. Ainsi, la diversité et la composition des peuplements épiphytes sont liées à la présence d'une série de stades forestiers successifs aux caractéristiques différentes. L'ensemble de ces stades caractérise les écosystèmes forestiers les plus proches de l'état climacique car la sylviculture moderne tend à éliminer les stades sénescents et à drastiquement raccourcir les stades herbacés de régénération. C'est la raison pour laquelle de nombreux épiphytes cryptogamiques sont particulièrement sensibles au mode de gestion forestier et ne s'observent quasiment plus que dans les massifs de forêts anciennes peu ou pas exploités qui incluent l'ensemble des stades dynamiques du cycle forestier (Pipp et al. 2001, McGee & Kimmerer 2002, Ross-Davis & Frego 2002).

Voir aussi :

Intérêt et statut des forêts anciennes

Importance des acteurs de terrain dans l'identification des secteurs de haute valeur biologique en forêt wallonne et appel à collaboration

 



 


 

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